Coronavirus : quel(s) impact(s) sur l’immobilier ?
En raison des mesures de confinement prises par le gouvernement début mars, le marché de l’immobilier est à l’arrêt. Les agences ont fermé leurs portes, les visites ne peuvent pas avoir lieu, et même les cabinets de notaire sont clos – interdisant aux vendeurs et acheteurs de conclure leurs transactions. Forcément, face à cette situation inédite, vous vous posez quantité de questions. On fait le point sur l’état du marché immobilier à l’heure du coronavirus.
Comment se porte le marché immobilier en pleine crise du coronavirus ?
Globalement, plutôt bien. Malgré des transactions et des constructions quasiment à l’arrêt, le secteur a montré depuis début mars sa grande résilience. Celle-ci s’explique de trois façons :
- L’immobilier a l’avantage d’être un actif tangible qui répond à un besoin primaire, celui de se loger – et aucun virus au monde ne pourra changer cet état de fait.
- Les mesures prises par les gouvernements et les autorités monétaires laissent présager un maintien des taux d’intérêt au plus bas, ce qui joue un rôle majeur dans la confiance des acheteurs (qui pourraient vouloir concrétiser leur projet dès la levée du confinement).
- L’immobilier reste une valeur refuge dans le contexte de la chute des valeurs boursières, ce qui rend la pierre encore plus séduisante aux yeux des investisseurs.
La seule incertitude a trait à la façon dont la pandémie va impacter l’économie nationale, ce qui pourrait avoir des répercussions indirectes sur l’immobilier, par exemple en amenuisant les capacités financières des acquéreurs.
La pandémie peut-elle avoir une incidence sur les prix de l’immobilier ?
Selon toute probabilité, on devrait constater une baisse des prix des logements pendant et après la crise sanitaire, pour des raisons structurelles : en l’absence de transactions, les prix ont tendance à reculer.
Pour autant, les experts n’anticipent pas d’effondrement comparable à ce qu’on a pu voir après 2008. L’impact réel du coronavirus sur l’immobilier et sur ses prix dépendra de la durée de la crise, de la façon dont l’économie sera bousculée, et du risque de récession qui va suivre – avec la possibilité de voir les acheteurs reporter leur projet en raison de l’incertitude économique.
Peut-on mener à bien une transaction pendant le confinement ?
Difficilement. Les professionnels de l’immobilier ne peuvent plus accueillir du public ni organiser des visites, que ce soit pour des acheteurs ou des candidats à la location. Les particuliers n’en ont pas plus le droit. Les études des notaires sont fermées et il est impossible de signer des actes authentiques, sauf exceptions. Certes, un décret du 4 avril autorise la signature à distance des actes notariés, mais cette possibilité ne concerne pas les hypothèques – ce qui, dans les faits, interdit à de nombreux acheteurs d’emprunter la somme nécessaire.
Que faire quand on a un projet d’achat ou de vente en cours ?
S’il est quasiment impossible de conclure une transaction, il reste possible, néanmoins, de poursuivre son projet d’achat ou de vente à domicile, dans la limite de ce qui est permis par la loi en période de confinement. Par exemple :
- Si vous êtes vendeur, vous pouvez demander à un agent immobilier de réaliser une estimation de votre propriété à distance, préparer votre stratégie de vente, etc.
- Si vous êtes acheteur, vous pouvez profiter de la situation actuelle pour affiner vos critères de choix, consulter un plus grand nombre d’annonces et faire un tri parmi les logements qui vous intéressent, évaluer votre capacité d’emprunt en faisant appel à un courtier, etc.
De la sorte, dès la levée du confinement et la reprise de l’activité immobilière, vous serez en mesure de relancer votre projet sans attendre.
Comment se porte le secteur de la construction ?
La chaîne de construction est en grande partie paralysée. On estime que 90 % des chantiers ont été stoppés. Certains opérateurs refusent de les relancer tant qu’ils n’ont pas les moyens de protéger correctement leurs ouvriers (faute de masques et de bouteilles de gel hydro-alcoolique en quantité suffisante). D’autres, qui ont les moyens de le faire, font face à des difficultés d’approvisionnement en matériaux.
Peut-on moduler les mensualités de son crédit immobilier ?
Près de 7 millions de salariés sont concernés par le chômage partiel, auxquels il faut ajouter les entrepreneurs dont l’activité est fortement touchée par la crise. Conséquence : de nombreux ménages entrevoient des difficultés à rembourser leurs mensualités. Si le gouvernement n’a pas prévu de prendre en charge les mensualités des emprunteurs en difficulté pendant la durée du confinement, la plupart des banques proposent néanmoins des options pour moduler les échéances (afin de réduire leur montant) ou pour reporter les mensualités jusqu’à un an (on parle de « gel partiel ou total » du prêt pendant une durée définie).
Comment vont évoluer les taux d’emprunt ?
Il y a toutes les raisons de croire que les taux d’intérêt de crédit resteront bas malgré la crise :
- On ne constate pas de réelle poussée des taux d’emprunt depuis janvier 2020, malgré ce qui était annoncé (le taux moyen est fixé à 1,13 %, toutes durées confondues).
- Les autorités monétaires ont pris des mesures pour stabiliser les taux, mesures qui pourraient, à terme, contribuer à une nouvelle baisse.
- La Banque de France continue de publier des seuils d’usure à la baisse, ce qui contraint les banques à tirer les taux vers le bas.
- Les recommandations du Haut conseil de sécurité financière faites aux banques (à savoir : durcir les conditions d’emprunt) ont éloigné du crédit une clientèle modeste qui emprunte traditionnellement aux taux les plus élevés. Ce phénomène contribue à lisser le taux d’intérêt global vers le bas.
Pour autant, ce n’est pas une prédiction : le niveau des taux dépendra beaucoup de la durée de la crise et de l’impact du coronavirus sur l’économie.